Heldris de Cornouailles :

-Le Roman de Silence

(date : vers 1250, langue : ancien français, en vers)

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À cette époque en Angleterre, le roi Ébain avait décidé de priver toutes les femmes de leur héritage suite à une querelle entre les maris de deux sœurs jumelles. Un jour, alors qu’il se déplace avec une escorte, Ébain est attaqué par un dragon. Seul un homme de cette escorte, nommé Cador, ose défier la bête et la terrasse. Blessé, il est alors soigné par une certaine Euphémie qu’il épouse peu après. Cador devient alors comte de Cornouailles. De ce mariage naît une fille nommé Silence, que Cador souhaite faire passer pour un garçon afin qu’elle conserve son héritage. Silence est alors confié à une nourrice qui l’élève dans la forêt, sous la protection d’un sénéchal cornouaillais de Cador.

Un jour, alors qu’« il » est de service au château du sénéchal, Silence fait la connaissance de deux ménestrels qu’il décide ensuite de suivre sans prévenir qui que ce soit. Alors que tout le monde pleure la disparition de Silence, celui-ci séjourne en France avec les ménestrels. Mais son talent leur fait de l’ombre, si bien que la jalousie les mène au projet de tuer Silence. Mais celui-ci parvient à leur échapper et revient en Cornouailles, où il se dévoile à son père. Il part ensuite au service du roi Ébain, où il reçoit des avances de la reine, qu’il repousse. Fâchée, la reine se mutile le visage et accuse Silence de viol. Silence est alors exilé chez le roi de France, suzerain d’Ébain, où il part muni d’une lettre substituée par la reine à la vraie lettre qui demandait au roi de France de reprendre l’éducation de Silence. La fausse lettre réclame quant à elle la décapitation de Silence. Avisé par ses comtes, le roi de France décide de mener l’enquête et demande des explications à Ébain qui comprend alors la perfidie de la reine, mais préfère étouffer l’affaire. Plus tard naît aux alentours de Chester une rébellion des barons anglais contre le roi Ébain. Silence part alors à sa rescousse avec trente chevaliers français et le mène à la victoire. Le roi, très reconnaissant envers Silence, est alors méconduit par la reine qui lui rappelle la « tentative de viol » dont elle a été victime ; elle invite le roi à envoyer Silence capturer Merlin, afin de l’éloigner indéfiniment de la cour, car d’après le texte Merlin a autrefois assuré ne pouvoir être piégé que par une femme.

S’ensuit alors un récit analogue à l’épisode de Grisandole dans la Suite-Vulgate du Merlin : à la recherche de Merlin, Silence est invitée par un vieil homme à attirer celui-ci avec de la viande cuite pour ensuite le piéger. Suivant ce conseil, elle parvient à le capturer. Elle le ramène alors à la cour, lui rappelant au passage qu’elle lui en veut pour avoir causé dans le passé la mort de l’un de ses ancêtres, Gorlain (Gorlois) de Cornouailles, comme cela est décrit dans l’Histoire des rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth. En route, Merlin éclate de rire devant différentes situations qu’il juge cocasses, bien que ce ne soit évident que pour lui. Arrivé devant le roi Ébain, il explique les raisons de ses rires, puis dénonce l’infidélité de la reine et sa perfidie envers Silence. La reine est alors écartelée et Merlin dévoile également que Silence est en réalité une femme. Ébain accorde alors à Silence de rendre leur héritage à toutes les femmes de son royaume, pour ensuite finalement l’épouser.

 

Source(s):

Récits d’Amour et de chevalerie - XIIe - XVe siècle, (D. Régnier-Bohler, Laffont, 2000, ISBN 10 : 2221072081 / ISBN 13 : 9782221072080