top of page

Histoire des rois de Bretagne - Résumé

Geoffroy de Monmouth :
 

- ‎L’Histoire des rois de Bretagne

(date : 1135-1138, langue : latin, titre original : Historia regum Britanniae), incluant :

- Les prophéties de Merlin

(date : 1134, langue : latin, titre original : Prophetiae Merlini)

​

Puisant de nombreux éléments des textes de Gildas, Bède, Nennius et Guillaume de Malmesbury, Geoffroy de Monmouth raconte l’Histoire légendaire de la Bretagne depuis Brutus, l’arrière-petit-fils du troyen Enée, accompagné de Corineus (qui donna son nom à la Cornouailles, comme Brutus donna le sien à la Bretagne), jusqu’aux temps du roi Cadvalladr (Cadwaladr), en passant par les règnes de tous les rois bretons qui les relient. Parmi ces rois, le roi Leir (le roi Lear de Shakespeare), Belin le fondateur de la Ville-des-Légions (Carlion, ou Caerleon où mourra plus tard Saint David) et surtout le légendaire Arthur. Mentionnant l’évangélisation des Bretons sous le règne de l’empereur Lucius, le récit décrit également l’accession au pouvoir du roi Vortegirn (Vortigern) par l’organisation de l’assassinat du roi Constant fils de Constantin par des Pictes, qu’il trahira à son tour. C’est à cause de Vortegirn que les Angles et les Saxons ont commencé à s’installer en Bretagne après le retrait des troupes romaines jusqu’alors garantes de la paix sur l’île face aux tentatives d’invasions des Pictes et des Scots. Malgré les murs construits à leur départ par les Romains pour aider les Bretons à se défendre, Vortegirn se voit en effet contraint d’appeler à l’aide les Saxons, menés par Horsa et Hengist, pour faire face à ses ennemis en échange de terres. Une fois installés, les Saxons trahissent les Bretons et commencent à envahir l’île.

Vortegirn, apeuré, décide alors, sous le conseil de ses mages, de construire une tour pour se protéger. Il choisit de la bâtir sur le "mont Erir" (nom que l’on doit pouvoir lier au toponyme gallois Eryri, qui correspond à l’actuel massif montagneux de Snowdonia), mais la tour s’écroule à chaque tentative de construction. À nouveau consultés par leur roi, les mages de Vortegirn lui recommandent, pour y remédier, de mélanger le mortier servant à construire la tour au sang d’un enfant sans père. Des émissaires de Vortegirn trouvent alors devant les portes de Kaermerdin (Carmarthen) le jeune Merlin (autrement appelé Ambroise ou Ambroise Merlin; ce nom correspondrait à la fusion entre une partie du personnage d’Ambrosius - celle décrite par Nennius dans l’Histoire des Bretons - et le barde gallois légendaire Myrddin. L’autre partie du personnage d’Ambrosius devient alors le frère d’Utherpendragon), né d’une mère humaine, fille du roi de Démétie, qui vit dans l'église de Saint-Pierre de Kaermerdin au milieu de religieuses, et d’un père démon incube. Capturé suivant la suggestion des mages, Merlin explique à Vortegirn que si sa tour s’écroule, c’est à cause de la présence d’un lac souterrain situé sous les fondations. L’existence de ce lac est vérifiée, et Vortegirn voit se battre au bord du lac un dragon rouge et un dragon blanc. Merlin lui explique que le dragon rouge, bientôt mort, représente la nation bretonne opprimée, et que le dragon blanc représente les Saxons.

Merlin récite alors une série de prophéties métaphoriques. Parmi elles, il annonce la rébellion face aux Saxons d’Arthur, qu’il surnomme ici le "Sanglier de Cornouailles". Il prédit qu’un jour un prédicateur d’Irlande - qu’il semble confondre avec Saint-Gildas - sera frappé de mutisme en présence de Saint-David, alors que celui-ci sera dans le ventre de sa mère (événement que l’on retrouve dans La vie de Saint David de Rhigyfarch de Llanbadarn La vie de Gildas de Caradoc de Llangarfan). Il annonce ensuite les invasions de l’île de Bretagne par les Vikings, qu’il voit comme une punition pour les Saxons et leurs méfaits, puis la Conquête normande de l’île. Il fait également allusion à certains événements ayant ponctué le règne de Henri Ier Beauclerc. Après une série d’autres prophéties au sens plus obscur, il annonce à Vortegirn qu’il périra brûlé dans une tour.

Vortimer, fils de Vortegirn, sera le premier Breton à parvenir à repousser momentanément les Saxons. C’est dans ce contexte qu’intervient la lutte des évêques Germain et Loup contre le paganisme des Saxons et le pélagianisme. Peu après, les héritiers légitimes du trône jusqu’ici réfugiés en Armorique : Aurèle Ambroise et Utherpendragon, les frères de Constant, reviennent sur l’île. Aurèle Ambroise brûle vif Vortegirn dans sa tour, dans la ville fortifiée de Genoreu (Ganarew) au Pays de Galles; après quoi Eldol de Gloucester décapite Hengist. Aurèle Ambroise, malade, est ensuite empoisonné par Pascent, un autre fils de Vortegirn. Sous le règne d’Aurèle Ambroise, Merlin fait déplacer par son ingéniosité (sa magie, probablement) le Cercle des Géants (Stonehenge) d’Irlande jusqu’en Angleterre, afin d’en faire un sanctuaire pour honorer des chefs bretons cruellement assassinés par des Saxons.

Sont ensuite relatées les circonstances de la naissance d’Arthur. Utherpendragon est séduit par Ingerne (Ygerne, ou Ygraine), la femme du duc Gorlois de Cornouailles lors d’une cérémonie à Londres. Pour parvenir à ses fins il prend l’apparence de Gorlois grâce à un breuvage de Merlin, pour aller coucher avec Ingerne à Tintagel. Peu après Gorlois est tué et Uther épouse Ingerne qui accouche alors d’Arthur, futur successeur de son père sur le trône. Arthur est couronné par l’archevêque Dubrice de la Ville-des-Légions (sans mention d’épreuve d’une épée retirée de la pierre). Après la naissance d’Anna, la sœur d’Arthur, Uther meurt lui aussi empoisonné, à Saint Albans, et est enterré comme Aurèle Ambroise à Stonehenge. Arthur connaît alors le règne le plus brillant des rois bretons, repoussant les Saxons et soumettant à son autorité toutes les îles voisines. Il conquiert également la France et soumet Paris en vainquant le tribun Frollo en combat singulier. Lors de cette campagne, on trouve dans le récit l’épisode du géant du Mont-Saint-Michel, qu’Arthur vainc, aidé notamment de l’échanson Beduer (Bedevere ou Bedoier) et de Kai (qui n’est pas présenté ici comme le frère adoptif d’Arthur). Ce géant avait enlevé et tué Hélène, la nièce d’Hoël, lui-même neveu d’Arthur. Hoël fait alors construire la tombe d’Hélène sur un mont voisin (aujourd’hui nommé Tombelaine). Arthur prétend qu’il n’avait pas connu d’adversaire si fort depuis Rithon, un géant collectionneur de barbes de rois qui voulait ajouter la sienne à sa collection. Arthur s’apprête ensuite à marcher sur Rome qui lui réclame un tribut. Il vainc Lucius Hiberius entre Autun et Langres, mais il doit faire marche arrière lorsqu’il est trahi par Modred (Mordret), son neveu, frère de Gauvain et fils d’Anna et du roi Loth de Norvège. En effet, rallié aux Saxons, Pictes, Scots et Irlandais, Modred entreprend une relation adultère avec Guenièvre et entend bien ravir le trône à Arthur. Mortellement blessé dans la bataille finale de Camblan (Camlan) ou Gauvain et Modred trouveront la mort, Arthur est transporté sur l’île d’Avallon (Avalon) pour y soigner ses blessures ; il meurt sur cette île en l’an 542.         
S’ensuivent les règnes des successeurs d’Arthur, dont Cadvallo (Cadwallon) qui soumettra le Saxon Peanda (Penda) de Mercie et tuera le roi Edwin et son devin Pellitus. Puis Peanda tuera le roi Oswald. Le récit se termine sur l’invasion finale et définitive des Saxons, qui forcent les Bretons à fuir en Cornouailles, Galles et Armorique sous Cadvalladr. Les Saxons sont alors évangélisés par Saint Augustin. Gauvain et Hoël sont présentés ici comme les deux meilleurs chevaliers de leur temps. On apprend également que Gauvain a été confié dans son enfance au pape Sulpice (ce qui semble renvoyer à l’éducation romaine de Gauvain décrite dans Les enfances de Gauvain). Ivain (Yvain) fils d’Urian (Urien) est également mentionné. L’échanson Beduer, duc de Normandie, meurt en France lors des batailles contre les romains et est enterré à Bayeux. Ici Guenièvre est une jeune femme d’origine romaine, élevée à la cour du duc Cador de Cornouailles, qui se retirera finalement dans un couvent. Lorsqu’il accomplit ses exploits guerriers, Arthur porte "l’extraordinaire épée Caliburn" (Excalibur) forgée à Avallon, le bouclier Pridwen et la lance Ron.

 

Source(s):

Histoire des rois de Bretagne, Geoffroy de Monmouth (L. Mathey-Maille), Belles Lettres, 2004,
ISBN 10: 2251339175 / ISBN 13: 9782251339177

GlastonburyBis 300dpi.jpg

Le tor de Glastonbury, lieu présumé de l’île d’Avalon

StonehengeBis 300dpi.jpg

Stonehenge

Pilier d'Eliseg 300dpi.jpg

Le pilier d’Eliseg (IXe siècle), Pays de Galles,
sur lequel apparaissent entre autres les noms de Pascent et Vortigern

Oxford-Vitrail 300dpi.jpg

Vitrail de la chapelle du Magdalen’s College, à Oxford, Angleterre, représentant St Alban et St Augustin

bottom of page