Le roman de l'histoire du Graal - Résumé

Robert de Boron :

 

- ‎Le Petit Saint-Graal est un cycle romanesque proposant une version complète, christianisée, de la légende du Graal initiée par Chrétien de Troyes. Si Robert de Boron est l'architecte de ce cycle trilogique, les textes qui le constituent ne sont pas tous de sa plume. Il est certain cependant qu'il est l'auteur du roman de l'histoire du Graal et du Merlin en vers, manuscrit mutilé dont il ne reste que peu de traces aujourd'hui. 

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‎I - ‎Le roman de l’histoire du Graal

(date : 1190-1210, langue : ancien français, titre original : Roman de l’Estoire du Graal), roman en vers dont le Joseph (1210), est une mise en prose

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Dans ce récit inspiré des Evangiles apocryphes, Robert de Boron fait du Graal un vase avec lequel Jésus a l’habitude de faire son sacrement. Il est décrit plus précisément comme un vase recouvert d’une patène qui correspond probablement au Tailloir d’argent que l’on rencontre dans de nombreux textes concernant Perceval. Joseph d’Arimathie est un chevalier au service de Pilate, qui a beaucoup de considération pour lui. Après la trahison de Judas d’où s’ensuit, contre la volonté de Pilate, la crucifixion du Christ par les juifs, Joseph réclame le corps de Jésus à ce dernier. Accompagné de Nicodème, il le retire de la croix. Avant de l’emmener dans son tombeau, il recueille dans le Graal le sang provenant de ses multiples blessures. Bouc émissaire d’une foule de juifs contrariés, Joseph est ensuite enfermé dans un cachot, où il semble voué à la mort, mais dans lequel Dieu le sauve de la famine et lui apporte le Graal. Plus tard, Vespasien, le fils de l’empereur romain, guérit de la lèpre en voyant le suaire de Véronique, drap avec lequel celle-ci a essuyé le visage de Jésus avant sa crucifixion.

Nouveau croyant en Jésus-Christ, Vespasien part alors venger sa mort en massacrant de nombreux juifs, puis il délivre Joseph de sa prison où l’on s’émerveille de le voir encore en vie. Joseph part ensuite en une contrée lointaine avec ses gens, et notamment sa sœur Enygeus ainsi que son beau-frère Hébron (Bron), formant une sorte de première communauté chrétienne. Il communique avec le Saint-esprit via le Graal. Dieu dicte à Joseph de créer une table à l’image de celle de la Cène où un siège vide réservé à Alain, le fils d’Hébron, représente le siège de Judas. Sur cette table sont posés le Graal et un poisson pêché par Hébron (d’où lui viendra son surnom de Roi Pêcheur). Quiconque est pur de péché comme Bron ou Petrus est digne de recevoir la grâce du Graal. Les autres sont répudiés tels ceux parmi les gens de Joseph qui vivent dans la luxure ainsi qu’un certain Moïse qui s’assoit sur le siège et disparaît aussitôt, de par son péché d’orgueil. Hébron, Alain et le fils d’Alain (Perceval) sont désignés par Dieu comme les successeurs de Joseph pour détenir le Graal. Joseph transmet alors le Graal à Hébron, qui part en occident en parallèle de Petrus. Le récit se termine lorsque Dieu explique à Joseph qu’il va bientôt le rappeler à lui pour lui offrir la vie éternelle.

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‎II - Merlin

(date : 1190-1210, langue : ancien français), roman dont seuls les 504 premiers vers ont été conservés, et qui a été mis en prose très fidèlement peu de temps après son écriture en vers

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Après la résurrection de Jésus-Christ, les démons, furieux, choisissent d’envoyer sur terre un antéchrist. Ainsi, une femme vertueuse est abusée pendant son sommeil par un incube (un ange déchu) et tombe enceinte de Merlin. Totalement recouvert de poils à la naissance (comme ce fut le cas pour Esaü à sa naissance dans l’Ancien Testament), il détient de son côté démoniaque la connaissance du passé et de Dieu sa connaissance de l’avenir. Conseillée par le père Blaise, la mère de Merlin se rachète auprès de Dieu qui sauve Merlin de sa condition. Risquant le bûcher parce qu’elle ne connaît pas le père de son enfant, elle est ensuite jugée et Merlin, âgé de moins de deux ans, la défend au tribunal en prouvant notamment que la mère du juge a une relation adultère, et qu’elle est donc plus coupable que sa mère.

Le conte relate ensuite, comme dans l’Histoire des rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth, les évènements allant de la mort de Constant (Constantin) à l’avènement d’Arthur, en passant par les règnes de Vertigier (Vortigern), de Pandragon (Aurèle Ambroise) et d’Uter (Uterpendragon). Vertigier s’arrange pour faire tuer le roi Moine (Constant), suite à quoi les deux petits frères de Moine, Pandragon et Uter, sont alors écartés de l’île de Bretagne. Couronné roi, Vertigier doit rapidement faire face à des révoltes internes dans son royaume. Le Saxon Engis (Hengist) l’aide alors à y faire face. Craignant pour son règne, Vertigier entreprend ensuite la construction d’une tour pour se protéger. Mais celle-ci s’écroule à plusieurs reprises. Les clercs de Vertigier lui affirment que le fait de répandre sur cette tour le sang d’un enfant sans père lui permettrait de tenir debout. Merlin, connaissant ce projet, alors qu’il est en train de jouer à la choule aux portes d’une ville (probablement Carmarthen), se fait alors connaître auprès des émissaires envoyés dans tout le pays à la recherche d’un tel enfant. Il révèle à Vertigier que sa tour s’effondre à cause de la présence d’un lac souterrain dans lequel il prédit un combat de dragons, un roux et un blanc. Le combat a vraiment lieu et le blanc l’emporte. Merlin explique que le roux représente Vertigier et le blanc Uter et Pandragon.

Entre temps, Blaise part s’isoler en Northumberland et Merlin l’y rejoindra régulièrement pour lui dicter les évènements de sa vie dans le "Livre du Graal". Apprenant leur arrivée par Merlin, Vertigier affronte Pandragon et Uter en quête de leur trône. Il meurt peu après brûlé dans une forteresse aux alentours de Wincester (Winchester?). Plus tard, Pandragon assiège Engis. Durant le siège, sous l’aspect d’un vieillard, Merlin vient avertir Uter qu’Engis veut tenter de l’assassiner dans sa tente. Uter attend alors Engis et le tue facilement. On conseille alors à Pandragon les services de Merlin qu’il va lui-même chercher en Northumberland. A son arrivée, Merlin s’amuse à lui jouer des tours en changeant d’apparence. A leur retour, Merlin et Pandragon, complices, jouent des tours à Uter, s’amusant encore avec l’apparence de Merlin.

Puis à l’instar d’évènements de La vie de Merlin, Merlin est défié par un baron qui conteste ses pouvoirs : ce dernier se déguise trois fois et à chaque fois demande à Merlin de lui prédire sa mort. Merlin prédit trois morts différentes et finalement plus tard toutes se réalisent simultanément. Il prédit ensuite l’arrivée des Saxons à Salisbury. Les deux frères les affrontent et Pandragon meurt durant le combat. Lors de ce même combat, un dragon apparaît dans les airs. Suite à ceci, Uter, nouveau roi devient Uterpandragon. Merlin se rend alors en Irlande chercher des pierres géantes pour faire une sépulture à Pandragon. Merlin demande ensuite à Uter de créer la Table Ronde à Carduel. Cinquante chevaliers, choisis par Merlin, peuvent alors s’y asseoir. Un siège reste vide cependant, et Merlin interdit quiconque de s’y asseoir. Pourtant, un prétendant s’y risque et disparaît, englouti sous terre.

Plus tard Uter tombe amoureux d’Igerne (Ygerne), la femme du duc de Tintagel, d’où s’ensuivra une guerre. Au cours de celle-ci, Uter devient alors par un sort de Merlin le sosie du duc, entre à Tintagel, couche avec Igerne et conçoit Arthur cette nuit-là. En échange de son service il promet à Merlin, sans savoir précisément ce qu’il a promis, de lui remettre Arthur à sa naissance. Merlin confie ensuite l’enfant à Antor, le père de Keu (Ké). L’une des filles d’Igerne, Morgane la fée, est donnée en mariage à Neutres de Garlot (en fonction des versions du manuscrit Morgane peut être remplacée par une autre fille), et son autre fille à Loth d’Orcanie, futur père de Mordret, Gauvain, Gaheriet et Garehet (Guerrehet). Puis après la mort d’Uter de la goutte des mains et des pieds, une épée fichée dans une enclume sur une pierre apparaît devant l’église de l’archevêque de Logres (non mentionnée comme étant Excalibur), avec des inscriptions divines qui annoncent que celui qui arrivera à retirer l’épée sera le nouveau roi légitime du pays. Des foules de prétendants tentent l’épreuve sans succès.

Plus tard, à l’occasion d’un tournoi à Logres, Keu envoie Arthur chercher son épée. Ne la trouvant pas, Arthur retire inopinément l’épée de la pierre sans difficulté. Âgé de seize ans, il devient alors roi et nomme Keu sénéchal à la demande d’Antor qui lui révèle qu’il n’est que son père adoptif. S’ensuit la fin du roman d’après le manuscrit de Modène, où Merlin révèle qu’Arthur est le fils d’Uterpandragon et d’Igerne. Merlin explique également à Arthur qu’il a créé la Table Ronde et lui annonce, sans le nommer, l’arrivée de Perceval qui s’assiéra au siège vide et délivrera le roi Pêcheur de ses blessures en lui demandant à quoi sert le Graal.Il existe trois suites à ce Merlin: la Suite-Vulgate, Le Livre d’Artus, et la Suite du Merlin.

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‎III - Le Didot-Perceval ou Perceval en prose

(date : 1190-1210, langue : ancien français, titre original : Perceval)

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Ce livre est écrit en deux parties, dont la première est la quête du Graal menée à bien par Perceval, dans laquelle on retrouve de nombreuses analogies avec ce qu’avait commencé Chrétien de Troyes. La seconde partie relate la conquête de France par Arthur, presque mot pour mot comme dans l’Histoire des rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth. Perceval, fils d’Alain le Gros et petit fils de Bron le Roi Pêcheur, abandonne sa mère à la mort de son père pour se rendre à la cour d’Arthur, ce qui la fait mourir de chagrin. Plus tard, un jour de Pentecôte à Cardueil au Pays de Galles, Perceval s’illustre dans un tournoi au nom d’Hélène, la sœur de Gauvain tombée amoureuse de lui. Il y renverse notamment Yvain, Keu et Lancelot du Lac. Arthur souhaite alors l’accueillir à la Table Ronde qui ici comme dans la Cène compte treize places. Ambitieux, Perceval s’assoit sur le siège interdit. La pierre sous le siège se fend, Perceval est donc rejeté et une voix s’élève, invitant les chevaliers à se lancer dans la quête du Graal, qui devra être menée à bien par le meilleur des chevaliers, et dont l’accomplissement mettra fin aux blessures du Roi Pêcheur ainsi qu’aux enchantements de Bretagne.

Alors qu’il part en quête, Perceval venge une demoiselle de l’Orgueilleux de la Lande qui a tué son ami. Il se rend ensuite dans un château où, après avoir joué aux échecs contre un échiquier magique, une demoiselle lui demande de ramener la tête d’un cerf blanc et lui confie un braque pour l’aider. Perceval tue le cerf, mais une vieille femme lui vole son braque, et ne veut lui rendre que s’il prononce une phrase devant une tombe à côté d’elle. Acceptant la requête, Perceval prononce la phrase et un chevalier surgit de la tombe. Alors que Perceval en vient à bout, un autre chevalier lui vole son braque et la tête du cerf et prend la fuite. Perceval est ensuite attaqué au bord d’un gué par un chevalier accompagné de fées changées en oiseaux, qui vivent dans un château invisible. Continuant sa quête, Perceval rencontre son grand-père le Roi Pêcheur dans sa demeure où il voit le Graal, la lance qui saigne ainsi que des plats d’argent et oublie de demander à quoi servent ces objets. Le lendemain le château est vide.

Repartant sur les routes, il rencontre alors à nouveau le chevalier qui lui a volé son braque qui lui explique qu’il est le frère du chevalier de la tombe, et que celui-ci vit dans un château invisible, et que la vieille femme est son amie, qui sous cette apparence envoie les chevaliers se faire humilier devant la tombe. Perceval retourne alors au château de l’échiquier ramener la tête du cerf. Puis après sept  ans d’errance, il ne parvient pas à retrouver la demeure du Roi Pêcheur. Un jour, il participe au tournoi du Blanc Chastel où s’illustrent Mélian de Lis et Gauvain, qu’il parvient toutefois à renverser tous deux. De retour du tournoi, Perceval rencontre Merlin, sous les traits d’un vieillard barbu qui lui indique le chemin vers le château du Roi Pêcheur. Perceval y pose alors les bonnes questions, ce qui guérit Bron aussitôt. Ce dernier lui explique que le Graal a permis à Joseph d’Arimathie de recueillir le sang de Jésus sur la croix, et que la lance qui saigne a servi à Longin à transpercer son corps. Robert de Boron est le premier à avoir donné ce sens à ces objets.

À la Table Ronde, la pierre sous le siège de Perceval se ressoude. Merlin explique alors à Arthur que cela signifie que Perceval, qui abandonne la chevalerie, est devenu le gardien du Graal. Blaise vient alors rejoindre Perceval depuis le Northumberland. Une fois les enchantements de Bretagne terminés comme cela avait été prédit, les chevaliers de la cour d’Arthur souhaitent quitter l’île en quête de nouvelles aventures chevaleresques. Keu parvient même à décider Arthur à conquérir la France. Arthur y parvient en tuant le roi de France Floire (Frollo) en combat singulier devant Paris. De retour en Bretagne, il est ensuite provoqué par Rome. Il part se battre contre l’empereur romain et son allié le roi d’Espagne, un sarrasin. Gauvain et Bédoier (Beduer), au cours de cette guerre contre Rome, entament une bataille à deux contre vingt mille, et dans la suite de cette bataille, il est dit que Gauvain, alors vanté comme le meilleur chevalier du monde depuis le retrait de Perceval, tue à lui seul mille deux cent trente soldats en un jour. Mais alors qu’il s’apprête à marcher sur Rome, Arthur est trahi par son neveu Mordret qui a épousé Guenièvre et s’est allié aux Saxons. Arthur revient en Bretagne et Sagremor, Bédoier, Lot, Gauvain et Keu sont tués lors de l’assaut. Arthur poursuit Mordret jusqu’en Irlande où tous deux trouveront la mort. Agonisant, Arthur explique cependant qu’il part se faire soigner en Avalon chez sa sœur Morgain et qu’il reviendra. A la fin du récit, Merlin fait construire une maisonnette, son "esplumoir", non loin du château où réside Perceval.

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Source(s):

Le roman de l'histoire du Graal, (A. Micha), Honoré Champion, 2007, ISBN 10: 2745316664 / ISBN 13: 9782745316660 

Merlin. Roman du 13eme siècle, Robert De Boron (A. Micha), Flammarion, 1994, ISBN 10: 2080708295 / ISBN 13: 9782080708298

La légende Arthurienne. Le graal et la table ronde, Collectif, Robert Laffont, 1998, ISBN 10: 2221052595 / ISBN 13: 9782221052594